Léa ou le bar à bouchon

Publié le par Guillaume

Il m'arrive d'aller dans les bars à bouchon. J'entends déjà les réactions. Le principe est simple: celui qui entre est le pigeon. Une jolie hôtesse l'accueille, prend un verre puis fait valoir ses charmes. Et vous voilà embarquer à prendre une bouteille de champagne, qui n'a que le titre pour plus de 200 E. Il m'est arrivé de lâcher une bouteille par-ci, par-là.

Dans un des bars à bouchon d'Angers, je rencontre une chinoise. Jolie. On prend un verre, et nous voilà engager dans une discussion endiablée sur sa venue en France, la Chine et tout le toutim. Le temps passe. J'ai juste pris une bière. Entre temps, j'ai chopé quelques informations sur les évolutions de la nuit. La gérante m'apprend quel établissement à fermer pour prostitution. Elle me raconte les joies et les peines des gens de la nuit. C'est une habitude. Dans ce type d'endroit je recueille un max d'infos. Personne connaît mon identité. Lorsque les filles me demandent ma profession, je réponds que je suis commercial dans une société d'édition et j'invente le reste tout en m'appuyant d'être le plus crédible possible. Bref, je m'apercevais que la gérante devenait impatiente : un client qui tape trop la discute au bar sans aller au salon, c'est pas bon pour les affaires. Je tirais un peu sur la corde. La jeune et jolie chinoise qui avait choisi le surnom de Léa n'était pas au fait de toutes les ficelles. Elle m'apprend qu'elle est originaire du Sichuan. Avec ses parents elle a déménagé à Beijing parce que son père souffre d'un cancer. Elle me raconte sa vie. Après des études brillantes et un début de carrière dans la publicité, où elle gagnait environ 800 E par mois, elle s'est décidé de venir en France afin de mieux gagner sa vie. Et surtout aider ses parents à acquérir une petite maison. Je souriais. Ce qu'elle me racontait, je m'y attendais. Elle faisait preuve de la traditionnelle solidarité de la famille. Elle a débarqué ici à Angers, à  l'ESA (école supérieure d'Agriculture), avec trois mois de français.Lors de notre entretien, elle m'a épaté par sa compréhension de la langue, même si par moment elle ne comprenait pas toutes les expressions que je pouvais employer. On m'a dit souvent que j'étais pénible pour l'emploi de l'argot, notamment auprès des étrangers.

Etudiante, elle ne pouvait pas travailler en France. Et Léa se devait de trouver un job pour financer son année. Hôtesse lui parut la solution la plus immédiate. Elle était bien tombée : la gérante de ce bar soucieuse de ces rapports avec la Mondaine refuse que ces filles flirtent avec la prostitution ou qu'elles se fassent tripoter n'importe comment.

Je découvre qu'elle est venue en France pour mieux gagner sa vie. Et les 1.500 euros que l'école lui promet à la sortie la fait rêver. Je ne tarde pas à lui briser cette illusion. Ce n'est pas grand chose, ici. La vie est chère. Elle reconnaît qu'elle n'avait pas mesurer cet état de fait. Je la sentais un peu perdu. Sans compter que trouver du boulot dans le domaine végétal ou agricole, les salaires sont plutôt bas. Je ne voulais pas casser ses rêves. Néanmoins, je me devais de la prévenir. On s'est quitté sur cette apréciation. Je n'ai pas pris de bouteille.

Publié dans petites curiosités

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V
<br /> Quel dommage les fautes d'orthographe qui  émaillent ce texte ! Révisez la règle du "é ou er" (l'établissement a fermé, pas fermer, et il y en a plusieurs comme cela), votre texte y gagnera.<br />
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