Zhong li, la manche comme sécurité sociale

Publié le par Guillaume

Selon les médias officiels la cause handicap est en nette amélioration. En contradiction avec ce qui s'observe dans la rue.

Je n’avais pas même fait attention. En retard, je devais passer au Suguo de Hankou xilu (artère fréquentée par les étudiants puisqu’elle sert de point central aux trois grandes universités de Nanjing). J’entends un hello. Je me retourne et je croise le regard d’un jeune adolescent souffrant d’un terrible handicap, assis dans une petite remorque de fortune qu’on attache aux vélos. Je lui souris et repars. Quelques heures plus tard, je retourne au Suguo avec des amis. J’attends devant l’entrée. Il est toujours là. Les gens le regardent furtivement, fuyant même son regard ou celui de sa mère qui se tenait à côté. On lui donne la pièce ou un peu à manger. Ses jambes sont atrophiés comme un contorsionniste. Il ne peut déplier son bras et ne peut tenir aucun objet, toute force étant absente. Il est là comme une bête de foire. Sans sécurité sociale, malgré les belles annonces du gouvernement fédéral « la cause handicapée est en progrès », sa famille n’a pas d’autres le choix que de faire la manche. Du matin au soir, c’est le même rituel pour survivre. Il s’appelle Zhong li. Il a 17 ans et n’est jamais allé à l’école. Mais il aimerait. Sa mère était confuse que je discute avec lui. Les gens dans la rue m’observait avec attention, curieux que j’engage un dialogue, certes pauvre, mais plein de sincérité. Sur son visage, un sentiment de réserve se lisait, surpris qu’un étranger lui parle.

Mais quand il détournait la tête pour regarder les enfants jouer, je reconnaissais ce regard. Ils l’ont tous. Un mélange d’envie et de tristesse. Il l’a le même que mon frère. Le regard d’un handicapé traverse les cultures, les frontières. La souffrance a le même visage, d’un pays à l’autre. Et peu importe leur condition sociale, ils sont avant tout handicapés. On les regarde comme cela, sans pouvoir se défaire de leur handicap. Cela gêne, dérange.

L’exemple de Zhong li contredit toutes les belles intentions et rhétoriques du gouvernement. Il s’est fait fort d‘annoncer en 2004 : « Le système du service social pour le rétablissement des handicapés continue à se perfectionner ; les ouvrages clés pour le rétablissement s'exécutent efficacement ; les handicapés voient leur autonomie et leur adaptation à la société se renforcer et la qualité de leur vie s'élever. En 2004, 3,3 millions de handicapés ont rétabli à différents degrés leur santé. Parmi eux, 580 000 personnes ont reçu une opération de la cataracte pour retrouver la vue, y compris l'opération gratuite pratiquée sur 100 000 personnes pauvres atteintes de cataracte; des instruments pour aider la vision ont été distribués à 30 000 personnes ayant une basse vue ; 24 000 enfants muets ont reçu un entraînement pour l'acuité auditive et la capacité de parler ; 80 000 personnes atteintes de l'infirmité motrice, enfants atteints de paralysie cérébrale ou de défaillance d'intelligence ont reçu un entraînement systématique de rétablissement ; 2,5 millions de malades mentaux ont reçu des soins médicaux et se sont rétablis ; 3 900 malades ayant une déformation corporelle due à la lèpre ont reçu une opération ; plus d'un million d'instruments et articles nécessaires pour les handicapés ont été distribués à ceux-ci. ». En soi cela peut paraître merveilleux. Mais il faut savoir lire entre les lignes. L’annonce de chiffres est un leurre. Leur condition sociale n’a pas évoluée. Les opérations et les soins restent hors de prix. Même pour un Chinois de classe moyenne, puisque la communauté des experts considèrent que la santé doit être gérée selon les principes de l’ultralibéralisme. Et cette année de nombreux exemples ont démontré de l’injustice du système, notamment avec cet homme souffrant d’un cancer et ne pouvant se soigner qui a préféré s efaire exploser dans un bus pour alerter les manques et les abus.

Comment peuvent-ils prétendre que leur condition s’améliore alors que les inégalités sociales n’ont cessées de se creuser. D'ailleurs ont été au centre de la grande réunion annuelle du PCC le mois derniers. Les handicapés seront toujours la dernière roue du carrosse. Au plus profond de l’échelle sociale.

Quelques articles de soutien sur le Net

http://www.china.org.cn/fa-book/050425/7.htm

http://www.handica.com/acces_themes/article_rw_673.html 

j'ai été surpris que l'association handica.com reprenne sans recul les annonces et décrets gouvernementaux. Présentant une situation faussée des handicapés en Chine. L'article datant de 2003. 

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