Corse tu seras

Publié le par Guillaume

J'ai les boules. Franchement énervé. Je viens de recevoir la somme de mon impôt sur le revenu de 2004. Et elle est rondelette compte tenu que je suis salarié dans la plus grande entreprise de France depuis 4 mois : l'ANPE. Craché presque 1300 euros alors que je dois financer par mes propres moyens mon séjour à nanjing, j'ai envie de plastiquer le trésor public. A la Corse quoi. Je ne pensais pas payer autant. Et là je suis au pied du mur. Cela réduit mes marges de manoeuvre pour piger et trouver un boulot là-bas, ce qui ne sera pas partie gagnée. En faisant mes calculs au plus près  : le budget mensuel ne devra pas dépasser 300 euros. Sans compter mon petit prêt étude qui grève le budget. Je vais jamais m'en sortir. Dur, ce sera dur. Etre précaire et vivre dans un taudis, je connais. Cela fait cinq ans que je l'expérimente. Cela fait partie des joies du journalisme. Précaire tu commenceras, galérien tu resteras.

Bref, La nouvelle de ce matin m'a mis un coup sur la cafetière. Déjà je venais d'apprendre que le conseil régional des Pays de la Loire me refusait l'aide demandée. Depuis l'arrivée des socialistes en 2004, ils ont mis en place des subventions pour des formations à l'étranger. Sauf ce qui est bien avec les universités chinoises, il n'existe quasiment aucun accord bilatéral à moins d'être un ingénieur ou un doctorant en je ne sais quoi. On m'avait fait espérer 2.500 euros. Ils ne sont jamais tombés. Et pour terminer le clou de cette matinée, la banque m'appelle. Le directeur ayant appris mon intention de partir me demande si je pense à mon capital de retour, qu'il serait préférable de penser à rembourser mon prêt étude. Bah non. Mon capital de retour, nada gars jule. Qu'est-ce qu'il croît ! je ne pars pas en vacances. Dans le boulot je j'ai jamais eu de visibilité au-delà de trois mois, dans le meilleur des cas. Alors, pensez-donc dans un an.

Le temps d'un instant, j'ai douté. Remis en cause mon départ. Je préssens que je vais en baver. peut-être trop. D'ailleurs cela fait cinq ans que cela dure. Mais en cas d'alerte, il y avait toujours possibilité de se réfugier chez les parents. Alors qu'en Chine, pas de base arrière. Tout seul.

Tenace je le suis, tenace je continuerai à l'être ? C'est usant de se battre san cesse pour trouver un boulot, se faire payer les piges, trouver des reportages, convaincre le chef de service ou le rédac chef... C'est usant de courir pour au final récolté si peu. C'est lassant de se nourrir de frustration et de désillusion. C'est lassant et déprimant de nager avec une ancre pour respirer. Il y a parfois on a envie de se faire exploser le caisson, rapide et sans douleur. De quitter la merde dans laquelle on se noie.

PUTAIN !!! Trente piges. Rien ne s'améliore. Au contraire, de précarité en précarité, la misère me guette au tournant. Il faut rester éveiller, en alerte pour éviter qu'elle me prenne au piège. Il ne faut jamais relâché sa garde. Parfois j'ai envie de pleurer, mais j'en ai pas le droit. Parfois je m'en veux : pourquoi je me suis cassé le cul à faire un dess. De géopolitique de surcroît. En résumé de la branlette intellectuelle.  T'aurais éviter un emprunt. Pourquoi t'es pas parti faire un apprentissage chez un artisan. Tu aurais un boulot, un appartement. Une vie et peut-être même une copine.

Trente pige et un célibat qui vous colle à la peau depuis des années. Dans la précarité, on apprend à vivre seul. Personne ne vous aimera assez  pour partager vos souffrances. Journaliste quelle connerie. Un crève misère. On cumul les boulots, les CDD, les piges, les stages... On vit à l'hôtel (le formule 1 d'à côté, à l'auberge de jeunesse, dans les gîtes, chez les collègues... Pas de stabilité et pas de sécurité. Quelle femme s'engagera-t-elle dans cette voie. D'ailleurs elles ont raison de nous ignorer. Parfois, j'ai vraiment envie de me faire sauter le caisson. Bah, cela passera comme d'habitude.

PS : une petite note que je rajoute en milieu de journée. Un collègue a préféré jouer au pendu hier soir. Je savais qu'il n'était pas en grande forme. 10 ans de galère dans le journalisme l'avait anéanti. Putain de journée. A trois semaines du départ, j'ai vraiment le moral en berne. Quand je pense que c'est le quatrième que j'enterre en trois ans...

Publié dans albertchine

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L
C'est pas rose aujourd'hui, pourtant le ciel corse est d'un bleu azur qui inspire le bonheur et pas à poser des bombes ;-)) Resaisis toi et ne laisse pas notre administration chérie te saper le moral! Tu as un super projet qui te fait surement un peu peur, mais ne te décourage pas maintenant, c'est souvent comme ca peu avant les grands départs ou les nouveaux chapitres que l'on ouvre, on BALISE! ;-)) C'est humain et pardonnable, ce qui ne le serait pas, c'est que tu abandonnes! Vas-y, vas-y, vas-y! Lili sur la terre
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S
Il existait dans la chine ancienne un vieux monsieur qui n'avait pour seul fortune qu'un cheval et un fils, sa femme étant morte en accouchant. Un jour son cheval decida de se faire la malle. Tout le village vint le voir pour le consoler, et lui dire au combien il était peu chanceux avec la vie. Mais le vieux monsieur ne les reçus pas et leur dits simplement qu'il n'y avait pas de raison d'être triste. Quelques jours plus tard le cheval revint accompagné d'une dizaine de chevaux sauvages. Le village vint le voir pour lui dire à quel point il était chanceux et que sa fortune était faite. Mais le vieux monsieur ne les reçus pas et leur dits qu'il n'y avait pas de quoi se réjouir. <br /> Plus tard son fils unique qui aimait tant les chevaux fit une vilaine chute qui lui coûta l'amputation d'une jambe. Tout le village vint voir le vieil homme pour lui témoigner leur tristesse de voir l'unique descendant du vieil homme dans un si triste état, incapable de travailler pour nourrir son vieux père. Le vieux monsieur ne les reçus pas et leur dits qu'il n'y avait pas de raisons de s'attrister. <br /> Vint le temps des troubles et des guerres avec le pays voisin, la mobilisation générales fut proclamé, sauf bien sur pour le fils du vieil homme. et tout le village vint........<br />
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T
Ne perds pas courage. Ne perds pas confiance. Après la pluie, le beau temps.
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