Au fil de ma vie

Publié le par Guillaume

(Photo tirée du film Harrison Flower. Histoire mettant en scène des grands reporters pendant la guerre de Yougoslavie).

Je repique l'idée à hesiem. Comme quoi qu'il n'y a pas que dans l'Empire du milieu qu'on sait copier. Je vous livre mon cv en version humanisée.

Jusqu'au bac B (éco), je suis un élève pas très brillant, franchement besogneux pour arriver à décrocher la moyenne. Je ne flirtait pas avec les filles, je ne fumais pas du cannabis, et je ne m'étais pas encore pris une seule cuite. Plus tard, je me suis largement rattrappé. Garçon tranquille qui avait pour passion l'histoire, j'étais un adolescent un peu chétif et franchement naïf. Comme d'habitude j'étais à la bourre par rapport à mes chers camarades qui mordaient la vie à pleine dent.

Le boc en poche j'avais le choix entre une école de commerce pas réputée et la fac d'histoire à la Catho d'Angers (université catholique). Sur les conseils de mon oncle, je file suivre la filière histoire. Je me souviens encore de sa phrase : "tu as le choix entre la raison et le coeur". (Décision qui a été au final rapide puisque j'étais mordu d'histoire depuis l'âge de six ans).

Je suis mon petit parcours à la fac : les soirées étudiantes, les potes du petit séminaire reconvertie en foyer pour étudiant, les copines, les friandises du sexe, les déceptions amoureuses, les cuites, les nuits blanches la veille des exams... Je me démerde pas trop mal sans trop forcer sur le travail jusqu'en maîtrise. Je la foire dans la grande largeur : mésentente avec ma directrice de mémoire et dans la foulée je me fais larguer avec la fille que j'aime éperdument... Sale année 1998.

Un peu paumé, je prends mes distances et pars suivre une maitrise de relation internationale à Strasbourg. L'année 1999 est celle de la renaissance. Ma véritable expérience avec des étudiants étrangers. Dans la promotion 90% de l'effectif est étranger, venu de tout l'Europe et d'Asie. Je fais la connaissance de Sébastien, un copain à qui je dois beaucoup. Il m'a insuflé une nouvelle vitalité, il m'a permis de changer mon regard. Je ne le remercierai jamais assez pour son amitié et pour son soutien. Dans la continuité je me dégote un stage au conseil régional d'Alsace, au service des relations internationales. Je m'occupe de la veille informative sur l'Union européenne et de ses décisions en matière de politique territoriale. Cela se passe pas trop mal : le boulot n'est pas usant. Néanmoins j'ai arrêté mon opinion sur l'administration : ce ne sera pas pour moi. La prise d'initiative est exclue, mal-vue, il faut la faire suggérer à son chef. Une hiérarchie omni-présente dont beaucoup révèlent une profonde incompétence...

En 2000, je rentre en Dess de géopolitique européenne. Encore de nouvelles rencontres qui seront déterminantes dans mes choix personnels et professionnels. Arnaud, dit la Kommandatur, lieutenant colonel de son état, gay affirmé dans la grande muette. Olive, toujours précieux en bon conseil et qui déboulait de cinq années d'étude à Oxford, Philippe, le fan des States et qui est toujours en galère.... Le projet initial du stage était de partir en Russie : échec en grande largeur. Je n'y mets pas toute la volonté et je manque de chance... Me retrouvant sans stage ma directrice de dess me propose alors une petite expérience au Dauphiné Libéré. Je me souviens encore de sa réplique : "j'ai trouvé quelque chose pour toiqui te correspond à merveille, puisque tu aimes lire la presse pendant les cours". Mon péché mignon. Je ramenais dans ma besace, le Monde, Libération, l'Equipe et Marianne. Mes voisins de tablée se les arrachaient.

Premier pas dans le  journalisme à la rédaction de Grenoble. Au bout de trois jours, au dos de la page Une du Monde, j'écris au gros feutre noir ma profession de foi du journalisme. Un coup de foudre...Et qui continue aujourd'hui. En cinq ans, je parcours la France au gré des besoins des rédactions. Dans l'ordre : Dauphiné Libéré (dit le Daubé), Ouest France (dit Ouest Torche), La Nouvelle république du Centre Ouest (dit la Nounou). En 2001, petite halte dans le merveilleux monde de l'internet avec Digital Business Globe, je n'y reste que deux mois. J'adore trop le terrain pour rester derrière un bureau à demander à un chef d'entreprise son business plan et son CA. Petite virée au Parisien et à Oise Hebdo (dit Oise Crado) où je découvre la jungle des ghettos et du keum à casquette... Je me gave alors de faits divers. Je m'envole à la Réunion pour France-Antilles où je découvre que dans les ghettos on règle ses comptes à la machette. Je reviens du côté de l'Alsace avec le journal l'Alsace mon pays... Devise dans cette boutique : lèche le cul au puissant et su survivras. On ne renouvelle pas mon bail. Pas étonnant. L'été, je decide de descendre dans le sud dans le pays du rugby à Brive pour la Montagne. Journal pépère qui convient très bien pour un CDD d'été. La journée commence à 10 heure et se termine dans le meilleur des cas à 18 heure. On est en 2003. Et puis retour dans l'Est avec les Lorrains. Je reste plus de deux ans à l'Est républicain. Mais j'ai oublié de dire qu'entre ces grandes périodes de tribulation, j'ai été salarié à l'ANPE. Quelque missions de quelque mois qui permettent de survivre un peu.

Ce que je suis devenu entre temps : aigri du monde de la presse, taré et sans complexe pour assouvir ces vices, une séduction en panne (faut dire que j'en avais pas beaucoup au départ), un penchant pour la bouteille, moins impératif, une grande indépendance d'esprit (ni maître ni dieu), épicurien, un solitaire. Carpe diem.

Quelques axiomes de ma profession et qui font foi dans ma pratique : le journal n'est pas au service de ses lecteurs mais de l'information (Hubert Beuve-Mery, fondateur du Monde). Un bon journaliste a le contact sociable mais distant (toujours le même).

Mon rêve était de devenir grand reporter, je m'en voudrais si je ne tente pas ce possible destin.

Publié dans journalisme

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T
Bonne chance et bon courage dans tes oeuvres...
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