Malaise chez l'homme chinois
La guerre des sexes qui fait rage en occident se serait-elle exportée en Chine ? L'émancipation de la femme bouleverse les mentalités des hommes sur la vie en couple.
Selon un sondage paru par le Quotidien du peuple, les hommes chinois croient toujours autant au couple et au mariage. Si une carrière ou la fortune peut se refaire, le couple est la base de la vitalité. Ils demandent à leurs femmes d’amener une solidité dans leur couple pour mieux réussir dans leur vie professionnelle. Or cette vision se percute de plein fouet avec l’émancipation de la femme. Encore toute récente. Leur niveau socio-économique progressant, la femme goûte avec plaisir et indépendance la liberté sexuelle. Or cette confrontation des idées sur la vie en ménage et au sexe plus généralement débouche sur un malaise parmi les hommes chinois. Moins apparent, il est d’autant plus profond qu’en occident. Les hommes chinois restant encore englués dans les traditions. L’émancipation de la femme semble creuser un écart que les hommes peinent à combler. Sans compter que la population masculine reste plus nombreuse que la population féminine, ce qui rajoute parfois du désarroi ou un certain pessimisme sur leur chance de fonder un ménage.
Interrogeant des jeunes hommes étudiants chinois s’ils avaient une petite amie, ils me répondirent que la chose était devenue difficile. « Non seulement on ne les comprend plus, mais elles sont moins nombreuses que nous ». Le discours des femmes, tout en nuance, laisse percevoir leur envie d’un changement des mentalités. Elles veulent choisir, se débarrasser des protocoles, essayer avant de se lancer. En un mot s’émanciper. « Un mec pour toute une vie, c’est fini », réplique une étudiante. Ses copines acquiescent. Elles n’ont rien à voir avec les clubbeuses qui cherchent à tout prix un laowai. Ou du moins pour s’éclater au moins une nuit avec lui. Elles ont l’allure sage et sont sérieuses dans leurs études. Et ne couchent pas avec n’importe qui. « Avec celui qui me plaît », confie une étudiante dans un anglais approximatif. Reste néanmoins que le discours reste approximatif. L’influence occidentale dans l’émancipation des femmes est encore toute récente et l’assurance de ces nouvelles mœurs n’est pas encore entièrement assumée. Celles qui sont à l’aise avec ces nouvelles normes sont surtout des femmes actives, assumant des responsabilités, bénéficiant d’un niveau de vie confortable. Dans les quartiers populaires, le chemin est encore bien long.
Pour autant, j’ai été frappé à quel point les femmes chinoises dominent leur couple. Les hommes attendant sagement le moindre signe. L’allure semblant chétive. Bien que sortant en couple, c’est la femme qui donne le tempo, qui autorise le petit bisou des bouts des lèvres.