La Chine à l'envers, les quartiers pauvres

Publié le par Guillaume

Au nord-ouest de la ville, se situe les quartiers populaires. Premier aperçu d'une misère cachée derrière les nouveaux building.

Lorsqu’on te montre l’endroit, cherche l’envers. Parti en Chine à la rencontre de son peuple, je ne peux me satisfaire de l’unique image d’une économie florissante qu’on m’impose. L’instinct journaliste me pousse à dépasser ce marketing outrancier. Porter la plume dans la plaie donc pour reprendre la fameuse phrase d’Albert Londres. Me voilà alors parti dans les quartiers les plus pauvres. A Nanjing, ils se situent le long des quais dans le Nord-Ouest de la ville, cachés par les nouveaux immeubles en construction. La misère ne se montre pas. Elle ne colle plus avec un pays qui revendique sa place auprès des grands pays industrialisés. Accompagné de Virginie, nous entrâmes dans un de ces quartiers, à la limite de la définition du bidonville. Situé près de Jiangbian Lu. Les maisons ont toutes la même allure, faites de briques. En lieu et place de vitres, du plastic transparent récupéré dans les nombreuses poubelles de la ville. Construite sous le règne de Mao, elles sont les maisons du peuple. Sans eau courante, ni électricité.

En plein dimanche après-midi, le quartier était peu fréquenté. Les hommes sont au travail, transportant les marchandises des entrepôts aux magasins du quartier, ou servent d’ouvriers dans les ateliers bordant les quais. Une bande de gamins se chamaillait. Quelques vieux, d’un pas épuisé, courbés par une vie de labeur pour survivre, vaquaient à leurs occupations. Des femmes passaient le balai pour déblayer la terre qui s’était accumulée sur la dalle de béton d’entrée de leur maison. Certaines lavaient le linge. Au fil de nos pas, les visages se retournèrent, étonnés d’apercevoir des étrangers dans cette partie de la ville. Les gamins nous lancèrent quelques paroles. A savoir quelle intention elles exprimaient ! Nous leur répondons par un Ni hao, apaisant du coup le ton du plus téméraire. Notre présence l’amusait. Les visages aux alentours se sont alors décrispés mais restaient méfiants. Virginie n’est pour autant pas rassurée. L’endroit donne l’image d’un vrai coupe gorge. Des immondices traînent la rue un peu partout. On ne s’attarda pas. Notre objectif était de faire un repérage. Nous y retournerons mercredi. Reste qu’il nous faudra éviter la police. Dimanche, on a réussi à passer au travers des mailles du filet. J’avais remarqué au loin, au détour d’une ruelle, l’uniforme d’un policier. Rester plus longtemps nous aurait causé certains ennuis : cela aurait pu sûrement se régler par quelques billets. Mais pour le moment la prudence doit rester de rigueur.

Néanmoins, dans ce décor de misère, des indices de l’amélioration de la vie s’accumulent. Sur certaines baraques des climatiseurs sont installés. Et sont récents. Sur le toit, un homme installe des panneaux solaires. Un autre se rend au badminton, dans une tenue sportive coupant net avec l’image des guenilles des gamins et des personnes âgées. La Chine est un pays de contraste. Le niveau de vie augmente et les pauvres commencent à en bénéficier. Certes, c’est encore marginal.

 

Publié dans Nanjing

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C
Intéressant point de vue que tu donnes là. <br /> <br /> Je connais quand à moi un peu plus les quartiers populaires situés de l'autre côté du fleuve, car ma boîte a un partenaire de ce côté là.<br /> L'usine en question est entourée de toute part par des quartiers ressemblant très fortement à ce que tu décris, petites maisonnettes en briques, en parpaing, en terre parfois même en bois de récupération, toits en fibrociment ou en tôle, rarement en tuiles, rues plus proches du chemin de terre, gadouilleux dès qu'il pleut ...<br /> <br /> Dans cette zone habitent (habitaient) un grand nombre d'ouvriers de l'usine, que l'on pouvait d'ailleurs voir traverser la zone d'habitation en caleçon pour aller à l'usine se doucher ... Avec la réduction des effectifs, certains ne travaillaient plus à l'usine mais continuaient de vivre là (je le sais grâce à mes collègues chinois de l'époque).<br /> <br /> Et pourtant, jamais je n'ai eu le même type de sentiments que les tiens, les gens ont toujours été curieux mais très gentils. Et il est toujours surprenant de voir une jeune femme coquette et pomponnée sortir de ce qu'ailleurs on considèrerait comme un taudis ou une ruine, enfourher son vélo et pédaler gaiement vers la ville ou son travail ...<br /> <br /> La zone comportait également quelques commerces (alimentation, nécessités quotidiennes) et restaurants, depuis le boui-boui à soupe aux nouilles jusqu'au restau réservé aux grandes occasions (c'est là que nos collègues chinois nous emmenaient manger, ce qui nous faisait traverser -à pied- une partie du village : notre présence était une bonne excuse pour eux aller là !)<br /> <br /> Donc certes, zone pauvre selon nos critères, très certainement à peine au delà du seuil de pauvreté en regard des critères chinois, mais avec des habitants pleins d'espoir de s'en sortir.<br /> <br /> D'accord, mon expérience est plutôt citadine que paysanne, je n'ai donc qu'une vue partielle des choses.<br /> Mais ton texte m'a obligé à réagir !
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J
A la lecture de ton article, je me pose une question : Pourquoi avoir évité les policiers ?<br /> Il n'y a pas de mal à déambuler dans les vieux quartiers.<br /> <br /> Je pense qu'essayer de graisser la patte d'un policier n'est pas une riche idée. Tu as beaucoup de chances de le facher... Joue plutôt le touriste paumé qui ne parle pas une cacahuète de chinois !<br /> Ca te fera probablement de meilleurs souvenirs à raconter, et la prise de risque est moindre.<br /> <br /> Sinon en ce qui concerne votre sécurité dans la veille ville je pense que vous ne craignez pas grand chose (enfin je ne voudrais pas dire de bêtises).<br /> <br /> Globalement je trouve que les chinois sont d'accès facile. <br /> Dans les coins reculés, même si ils semblent un peu timides, je dirais qu'ils ont l'air plutôt contents de pouvoir échanger avec des étrangers, et ce de façon tout à fait sincère dans une grande majorité de cas.<br /> Dans la plupart des endroits assez peu touristiques que j'ai pu visiter en Chine j'ai ressenti les choses un peu différemment de ce que tu décris. <br /> Je n'ai jamais vraiment constaté de crispation de la part des chinois lors de mon passage. Au contraire j'ai ressenti de l'étonnement, de la curiosité voire de l'amusement de leur part.<br /> As tu essayé de savoir d'où venait cette crispation que tu décris ?<br /> <br /> En tout cas profite bien de la veille ville (tant qu'elle existe), des gens (avec leurs qualités et défauts), de tes cours...<br /> <br /> Bonne continuation.<br />
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